30 Sep

Sidi Bouathmane, Maroc: Une oliveraie en «libre-service»

Par Badra Berrissoule,

  • ·Un producteur propose de faire soi-même son huile
  • ·Objectif: écouler la production sans passer par les intermédiaires

«Achetez vos olives et produisez votre propre huile». C’est le slogan de la nouvelle unité de production d’huile qui devrait voir le jour en novembre prochain à Sidi Bouathmane, à une vingtaine de kilomètres de Marrakech. La formule trouvera certainement écho auprès des familles en mal d’activité le week-end.

Zitoun Marrakech est une SARL, créée par Mohamed Benider, propriétaire de trois plantations d’oliviers dans la région, et qui possède quelque 6.000 plants. Benider est aussi gérant de l’Herbier de l’Atlas (plantes aromatiques et médicinales du Maroc), qui produit essentiellement pour les marchés étrangers.

C’est dans la plantation de Sidi Bouathmane que Zitoun Marrakech a monté l’unité avec du matériel moderne flambant neuf, dont une maâsra (pressoir) qui aura coûté 2 millions de DH. Un investissement orienté vers la création de valeur ajoutée au moment où l’engouement mondial pour l’huile d’olive atteint son comble.

Au Maroc, les méthodes de trituration sont toujours aussi rudimentaires dans les «maâsras». Il en découle de faibles capacités de traitement, des rendements d’extraction bas, une qualité d’huile médiocre et des rejets non valorisés. C’est ce qui a poussé ce producteur d’olives à mettre sur pied son projet. Aussi, avec cette nouvelle unité totalement automatisée, le promoteur veut changer les choses. Celle-ci fonctionnera sans arrêt pendant les trois mois de campagne et sera ouverte à tous les consommateurs, particuliers ou grossistes. Consommateurs qui pourront s’approvisionner dans les 3 plantations de la famille Benider. Cette dernière compte sur «le bouche à oreille» pour développer son activité.

A travers ce procédé, le promoteur fait d’une pierre deux coups: non seulement il écoule sa production, mais il offre par la même occasion une activité de détente aux familles. Le procédé est simple: l’acheteur choisit son olivier, assiste à l’ensemble du processus, de la trituration à la mise en bouteille et au conditionnement.
Pour rappel, le volume d’huile d’olive consommé au Maroc par habitant est très modeste. Il est inférieur à 1 litre/habitant alors qu’en Espagne, il est de 10 l, Italie 11 l et Grèce 24 l. Ces données traduisent bien les opportunités d’investissement dans la production de l’huile d’olive de qualité pour le marché local.

Derrière cette idée marketing, il y a la recherche de qualité, de traçabilité et surtout un label. «Comme le vin, l’huile vierge a ses crus qui dépendent aussi du procédé de trituration». Et c’est ce label que Zitoun Marrakech veut créer sur le marché interne avant d’aller à l’export.

Production
La région du Haouz devrait se positionner sur la qualité et le haut de gamme. Ce sont en tout cas les recommandations du ministère de l’Industrie et du Centre régional des investissements (CRI). Or ses industries sont désuètes. La région comprend en effet 26 conserveries et 28 huileries en plus des 810 unités traditionnelles de trituration. Douze unités seulement sont dotées de moyens modernes. Par ailleurs, certains pressoirs traditionnels ont bénéficié d’une aide dans le cadre du plan oléicole. Ce qui a permis d’ailleurs une augmentation de la capacité totale de trituration. En termes de production, Marrakech-Al Haouz demeure aux premiers rangs des producteurs d’olives. Elle réalise près de 70% des exportations nationales d’olives. En pourcentage, la répartition de la production en fonction des utilisations est de 56% pour la conserverie d’olives, 32% pour la pression d’huile et, enfin, 12% pour l’olive de table.

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