01 Mar

L’huile d’olive algérienne cherche sa voie

Par Sihadj Aabdenour,

L’Algérie fait partie des pays méditerranéens dont le climat est des plus propices à la culture de l’olivier. Elle se positionne après l’Espagne, l’Italie, la Grèce et la Tunisie qui sont par ordre d’importance, les plus gros producteurs au monde d’huile d’olive.

En Algérie, les superficies occupées par l’olivier sont de l’ordre de 281.000 ha auxquels il faut ajouter 110.000 ha qui doivent entrer progressivement en production à partir de 2007 et sur trois ans.

Avec 32 millions d’oliviers, l’Algérie est en passe de rattraper son retard et, pourquoi pas, arracher une place plus honorable dans le classement mondial.

La production d’huile a atteint, pour l’exercice passé (2006), 35 000 tonnes et celle de l’olive de table 80.000 tonnes. Comparée à celle de la Tunisie, la production de l’Algérie en huile d’olive ne représente qu’un tiers. La Tunisie produit environ 110.000 tonnes dont elle exporte 70 % essentiellement en Europe et 30% réservés à la consommation des citoyens tunisiens. La superficie exploitée est de 1,6 million d’ha.

Contrairement à celle du voisin de l’Est, la filière huile d’olive de l’Algérie accuse un retard de développement en amont et en aval La sécheresse et les incendies de forets dans certaines régions du pays n’ont pas été les seuls responsables de ce retard. La culture de l’olivier, le savoir-faire dans ce domaine, mais aussi les structures d’appui font défaut de façon dramatique.

L’absence de laboratoires spécialisés, d’unités de conditionnement, mais également la non maîtrise du processus complet, font que l’huile d’olive algérienne ne peut rivaliser avec les productions des pays concurrents malgré sa qualité indéniable.

Conséquence : la sélection des catégories d’oliviers, l’extraction et le conditionnement, mais aussi la mise à niveau de la fonction commerciale, en particulier l’exportation se trouvent être incapables d’assurer une offre concurrentielle sur le marché international dominé par les Européens dont l’exigence du respect de normes strictes ne diminue en rien la qualité intrinsèque du produit algérien. Car, souvent analysée, notre huile a un taux d’acidité des plus recherchés aujourd’hui et qui le lui confère la qualité d’extra vierge.

Du coup, l’Algérie exporte une quantité très limitée par rapport à sa production, et le plus souvent par ces mêmes gros producteurs européens qui en font un mélange. La Tunisie et le Maroc, pays maghrébins devenus en si peu de temps des concurrents potentiels, arrivent à placer sur le marché mondial environ 70 % de leurs productions nationales, en dépit des problèmes de coûts de production élevés qu’ils encourent.

Pour la Tunisie, l’intervention des pouvoirs publics, pour l’année 2006, a permis d’éviter in extremis une série de faillites, dont les causes viendraient de l’effondrement des coûts sur le marché mondial.

Pour l’Algérie, le problème est tout autre. Malgré la qualité physico-chimique et organoleptique, le produit éprouve des difficultés à s’exporter en tant que label. La quasi-totalité de l’huile algérienne, qui est exportée, l’est sous la forme de vrac. Le produit est cédé souvent à des prix sacrifiés.

Pour l’heure, le conditionnement de l’huile d’olive en Algérie est à ses premiers pas pour ne pas dire inexistant. La prise en charge de cette filière, en termes d’organisation, d’infrastructures et de réglementation aura pour effet de maintenir voire d’augmenter l’engouement des conditionneurs et des exportateurs qui, parfois, sont découragés, au bout de leurs premières démarches infructueuses. Sachant bien évidemment que la particularité du produit, exige l’émergence d’opérateurs spécialisés, tout le long du circuit.

Le coaching qui, en principe, devait permettre de mettre à niveau le process, et les procédures de gestion de ce secteur d’activité, qui, comme nous devons le savoir, commence à partir du choix du terrain et des plants, assuré par des experts, pour permettre d’inscrire la production algérienne dans les normes internationales, en amont et en aval, doit être mis en œuvre et de façon accéléré. Les huileries disponibles en nombre assez élevé et d’un niveau technologique tout à fait indiscutable puisque des marques internationales notoirement connues équipent nos oléiculteurs (Je cite ALFA LAVAL, PIERALISI, RAPPANELLI) se heurtent cependant au problème du savoir faire dans le respect des process recommandés par les spécialistes pour l’obtention d’une huile de qualité et de l’utilisation proprement dite de ces équipements.

Quand on parle de process, nous visons évidemment l’ensemble du cycle de production qui commence du choix des lieux de plantations, des plants mais aussi des conditions de collecte des olives, de stockage, de transport, de la trituration, de la pression, du stockage du produit fini, des analyses labo et enfin l’embouteillage et l’étiquetage. Le but étant le respect du process mais, respect, également, des différentes phases dans le temps et en dernier ressort sélectionner l’huile selon la catégorie (extra vierge, vierge, lampante ou courante). A signaler que cette dernière n’est consommée que très rarement sur le marché international.

Aussi, pour s’exporter dans des conditions conformes à la réglementation internationale, l’huile d’olive algérienne doit-elle obéir aux normes internationales, et de ce point de vue, nous devons savoir que seule l’huile extra vierge est acceptée par les opérateurs du commerce de cette denrée, donc d’acidité inférieure à 0.8. Encore faudrait-il se présenter sur le marché avec des prix de vente concurrentiels.

Le produit algérien se vend, lui, à des prix très variés, entre 2.5 USD et 5. USD fob ou cfr, selon les cas.

Cette huile est déplacée aux quatre coins du monde par des containers spéciaux. Le ministère de l’Agriculture a récemment pris des mesures salutaires pour cette filière, mesures qui devront augmenter la production et valoriser la qualité : il faut donc se préparer dès à présent pour organiser ce secteur notamment en créant les conditions nécessaires d’une certification de nos produits, en créant les structures d’accueil : – conditions de stockage – organismes de contrôle et d’analyses – circuit interne de distribution – circuit d’exportation – formation de spécialistes dans l’oléiculture et la technologie de l’huile (extraction +conditionnement).

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