Kabylie, 11eme Fête de l’Olive à Akbou
Par M. Ouary,
Le prix de la belle huile d’olive de Kabylie s’est envolé cette année. Il tourne autour de 350 dinars le litre.
A ceux qui trouvent que c’est trop cher, les producteurs ont une réponse toute trouvée : Pourtant, vous payez le même prix pour le litre d’huile d’olive de grignons importée d’Espagne. Une huile qui n’a ni la saveur ni la couleur ni même la consistance de l’huile que produisent nos oliviers centenaires », comme le souligne à juste titre Arezki Issekounen, le président de la Chambre d’Agriculture de Bgayeth.
La morosité du marché, les mauvais rendements de cette année et tous les problèmes qu’ils rencontrent n’ont pourtant pas empêché les paysans de la région d’être présents à la 11e édition de la Fête de l’Olive.
Pour preuve, la salle des fêtes de la ville d’Akbou s’est avérée trop exigüe pour contenir les nombreux visiteurs ainsi que les 67 exposants, paysans, producteurs oléiculteurs, oléifacteurs et autres métiers, réunis en cette occasion. Au programme de cette fête qui se déroule du 3 au 6 février, vente et expositions de produits, conférences, visites sur sites, etc…
Le climat est pourtant loin d’être à la fête au sein des paysans producteurs. La neige de 2004 a détruit beaucoup d’oliveraies. 1 400 000 oliviers sont tombés sous le poids de la neige.
Les pouvoirs publics n’ont déboursé aucun sous pour indemniser les malheureux fellahs qui ont vu leurs arbres périr. La région qui se relève à peine de cette catastrophe naturelle en a subi une autre. 500 hectares ont été détruits par le feu l’été passé. Les aides de l’Etat débloquées dans le cadre du FNDRA, du FNDIA et autres fonds aux noms ronflants prennent plus volontiers les chemins de Djelfa et Biskra, l’argent refuse de monter vers les pentes abruptes de la Kabylie. Il refuse obstinément de couler à même la Soummam.
La vallée de la haute soummam est pourtant la première oléicole d’Algérie : elle plus de 5 millions d’oliviers. Les bonnes années, l’huile produite reste sur les bras des fellahs qui ne trouvent pas preneur. L’Etat a détruit les circuits de commercialisation anciens et n’a pas lancé de nouveaux.
Plus grave, on a appris aux gens à consommer de l’huile sans goût, de l’huile d’arachide, de tournesol, de soja, et autre noms bizarres ou inconnus que les gros barons du régime importent par bateaux entiers. Depuis quelques temps, on importe même de l’huile d’olive d’Espagne et d’Italie.
Aucun ministre n’est venu à Akbou. Pas même un petit wali. Cela n’a pas empêché la musique des Idhebalen de retentir et les paysans de garder le sourire. Et pour cause, malgré les mauvaises années, ils savent être aussi résistants que leurs oliviers.
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