Conditionnement et promotion de la qualité de l’huile d’olive : Des labels tunisiens et une stratégie marketing appropriée
Par Ridha Lahmar,
L’huile d’olive est une richesse inestimable pour notre pays : la promotion et la valorisation de labels tunisiens à l’export sont susceptibles de propulser toute la filière qui va de l’agriculteur à l’exportateur en passant par les huileries et les unités de conditionnement.
La problématique de l’exportation est complexe : elle implique la mise en place d’une stratégie globale comportant modernisation des huileries pour améliorer la qualité, choix d’emballages appropriés, développement des exportations conditionnées, création de labels tunisiens de qualité, politique de marketing avec constitution de consortiums, mais aussi soutien de l’Etat.
En effet les exportations en vrac pénalisent notre produit, utilisé par les grandes marques européennes pour des mélanges à commercialiser sous d’autres marques, italiennes ou espagnoles, pour être distribuées dans les grandes surfaces.
Entre le prix de départ et le prix final, la valeur ajoutée passe de 1 à 5 ou 10 ; quel manque à gagner pour notre pays !
Aref Belkhiria : cinq facteurs pour une stratégie gagnante
Président de la Chambre UTICA des Exportateurs d’huile d’olive et vice-président de la Fédération nationale de l’Agro-alimentaire, M. Aref Belkhiria a prononcé une allocution devant M. Afif Chelbi, Ministre de l’Industrie, de l’Energie et des PME, tutelle du secteur, pour faire un ensemble de propositions de nature à assurer la promotion de l’huile d’olive conditionnée. M. Belkhiria a recentré l’objet de cette journée d’information : identification du meilleur positionnement de l’huile d’olive sur les marchés export dans le cadre d’une stratégie globale, en collaboration avec les principaux acteurs et avec l’appui du Packtec. Le Fonds de promotion de l’Huile d’olive conditionnée (FOPRHOC) étant appelé à assumer un rôle vital dans cette stratégie.
M. Belkhiria est favorable à la mise au point d’objectifs précis avec une stratégie appropriée pour les réaliser. Actuellement les exportations conditionnées constituent 0,5% à 1% des exportations d’huile alors que les objectifs sont de 10% au bout de trois ans. Cinq conditions sont nécessaires pour atteindre les objectifs :
– renforcer la percée commerciale sur les marchés traditionnels (UE, USA et Japon) mais aussi viser les marchés nouveaux (Russie, Chine et Inde qui sont prometteurs. Mettre en place un programme de communication générique dans les grands salons et foires : la Tunisie, pays traditionnellement producteur d’huile de qualité ;
– adopter et adapter le conditionnement aux marchés-cibles ;
– constituer des consortiums pour se doter de moyens plus efficaces dans les efforts de prospection des marchés d’exportation.
L’aide de l’Etat doit être ciblée, non seulement à travers le Fonds, mais attribuée directement aux exportateurs et proportionnellement aux résultats de leurs efforts d’exportation.
Des améliorations certes, mais il reste beaucoup à faire
M. Afif Chelbi, le ministre de tutelle, a prononcé lors de la séance d’ouverture du séminaire un discours dans lequel il a évoqué les performances du secteur et promis le renforcement de l’aide de l’Etat pour assurer la promotion de l’huile conditionnée.
Quatrième exportateur mondial d’huile d’olive, celle-ci représente 43% du secteur de l’exportation de l’Agro-alimentaire, qui connaît une croissance de 6% par an et atteint 1650 millions de dinars par an.
Le Ministre a confirmé que notre pays dispose d’atouts majeurs en la matière, dont la qualité de nos huiles, mais souffre d’un déficit d’image qu’il convient de combler par le développement du conditionnement et par une campagne de marketing appropriée. Il y a lieu également de poursuivre le processus de modernisation des huileries (+8% par an de croissance pour les investissements) mais cela reste insuffisant.
Ce séminaire doit mettre au point un ensemble de recommandations destinées à être articulées dans une stratégie globale à réaliser par étapes pour atteindre à terme 10% d’huiles conditionnées sur le total d’huile exporté.
Quel conditionnement pour quels marchés ?
Mme Lamia Chekir, DG du Centre national de l’Emballage et du Conditionnement, a fait une intervention ayant pour thème : quels emballages pour quels marchés ? La DG de Packtec a développé un certain nombre d’idée intéressantes : prévalence de l’impératif de traçabilité, mieux valoriser l’huile d’olive, comment passer de 2.000t exportées conditionnées en 2007 à 13.000t en 2011, créer l’évènement, valoriser l’origine Tunisie, promouvoir des recettes spécifiques, tenant compte des tendances du marché mondial, adaptation des emballages aux marchés ciblés, tentatives audacieuses d’exportation, privilégier saveurs et mélanges, donner une identité aux marques tunisiennes.
Un plan marketing et des labels appropriés
La stratégie de promotion de l’huile d’olive conditionnée à l’exportation doit être synchronisée au niveau de ses différents volets : création de plusieurs marques, mettre au point des conditionnements attractifs et esthétiques, améliorer la qualité et l’adapter aux différents marchés en fonction des saveurs et des utilisations.
Le plus important est à notre avis la campagne de marketing destinée à promouvoir l’image de la Tunisie comme producteur d’huile d’olive de qualité dont les vertus sont multiples pour la santé. D’ailleurs M. Hassine Fantar, dans son intervention, a fait prévaloir à juste titre le recours à l’histoire et au patrimoine pour les labels à utiliser.
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